Dossier Corentin : suite, fin ... et virtualité ?

De retour dans son nid de la venelle du Pain-Cuit, Mary comme à son habitude fut accueillie par une Amandine Trépon toute émoustillée à l'idée de pouvoir coucher bientôt par écrit cette nouvelle aventure.
Mary lui ayant d'abord opposé les contraintes de ce satané « Secret Planète » et visiblement affectée par le décès de ces nombreux techniciens qui auraient pu voir leurs capacités bien mieux utilisées, cette brave Amandine eut tout d'abord à c?ur de lui redonner un peu le moral avec l'une des plus anciennes thérapeutiques connues : un bon dîner !
Hélas en cette période hivernale et à cause d'une persistance inhabituelle d 'épisodes de froidure et de chutes de neige, suite également à la défaillance du réseau électrique national et au passage de la région Bretagne en « alerte rouge », l'électricité était coupée !
Mais il en fallait plus que ça pour intimider ces dames et, prévoyante, Amandine avait conservé au chaud sur le coin du feu dans une bonne vieille cocotte en fonte émaillée, un odorant et roboratif pot au feu riche en légumes variés et parfois surprenants.
En guise d'amuse-bouche elle s'était contentée (!) de griller en brochettes quelques noix de Saint-Jacques et palémons, justes poudrées d'une pincée de curry, accompagnées d'un dé à coudre de vin de Marsala aux amandes.
 

L'atmosphère finalement douillette et la lueur vacillante des chandelles aidant, Mary se sentit quelque peu déliée toutefois de cette absconse réserve (après-tout, comme toute contribuable Amandine avait bien le doit de savoir dans quel stupide tonneau des Danaïdes allaient fondre ses maigres ressources cette année !).
C'est en mentant pieusement (par omission, exercice auquel elle était rompue depuis trop longtemps) sur la démesure des moyens employés que Mary fit part à l'amatrice de pipolades télévisuelles de la lubie soudaine du techno-crotte entomophile et néanmoins bruxellois, ainsi que des réactions de panique infantile de nos gouvernants.
Amandine (qui contrairement à Mary avait un peu « disjoncté » avec une bouteille de vin de Chinon) eut un petit rire amusé.
« - Votre Mervent, il devrait regarder un peu la télé, au lieu de se mirer dans les pompes de ses monarques républicains !
Pas plus tard qu'aujourd'hui il aurait trouvé la solution à son « problème ».
- Ah tiens, je serais bien curieuse de savoir comment ! répliqua Mary un peu frustrée tout de même par l'échec de sa « mission »
- Eh bien oui, si comme d'habitude « vous » n'aviez pas voulu régler la chose entre franco-français et si vous aviez pour une fois consenti à demander une aide technique à la « perfide Albion », eux avaient la solution à votre casse-tête temporel : le TARDIS !
- ?? »
Mary resta sans voix devant ce qu'elle prit tout d'abord pour l'effet pervers de la dive bouteille sur le cerveau de midinette de sa vieille amie.
« - Voyons, Mary ! Le TARDIS, le Docteur Who, ça ne vous dit rien ?
- Non, ça ne me dit pas grand'chose. Je suppose que vous ne voulez pas parler de ce logiciel dont Lionel nous a raconté un jour chez Anne l'utilisation dans son centre de recherches ; ses collègues passaient beaucoup de temps à remplir d'ubuesques grilles d'affectation comptable de leur temps de travail, tous les jours.
D'ailleurs Anne aussi doit être privée d'électricité à Cléder en ce moment !
- Mais non, je vous parle du TARDIS ! s'énerva l'ancienne clerc de notaire en gogolisant cet acronyme sur l 'Eee-PC qu'elle s'était acheté pour noter les confidences de Mary.
Dr Who
- Mais voyons, ma chère Amandine c'est de la science-fiction, ça n'existe que dans l'imagination des scénaristes de la BBC cet engin ! - Mais qu'est-ce que vous en savez, d'abord ? Vous connaissiez l'existence de cette machine à Cadarache avant qu'on ne vous y emmène ? Ce n'est pas parce que ça passe à la télé que ça ne peut pas être vrai de temps en temps, non plus !
Bon d'accord, entre les téléfilms de fiction et les autre émissions, journaux télévisés et autres débats et beaux discours, il y a des moments où on se demande où elle se niche, la réalité ! »

Devant cette véhémente logorrhée de son amie, Mary se tint coite, parce qu'après tout, ce qu'elle lui racontait là ne lui paraissait guère plus insensé que les dons qu'elle tenait de la grwrac'h (et qu'elle s'était bien entendu bien gardée de révéler à quiconque).
Soucieuse également de préserver la tranquillité de son trésor domestique, qui pas plus que le bredouillant mais génial Passepoil ne saurait affronter les aléas parfois violents de son métier, Mary sut éluder et calmer les ardeurs de celle qu'elle ne soupçonnait pas d'apprécier autant les aventures spatio-temporelles que la Star-Ac' ou les retransmissions de la H Cup.
Lorsqu'Amandine regagna ses pénates, Mary ne put s'empêcher de pianoter à son tour sur son i-Mac afin d'effectuer quelques petites recherches.
En effet, si elle rechignait d'habitude autant à fouiner sur la toile qu'à jouer à la "bonne petite secrétaire" pour taper ses rapports (ce qu'elle faisait toutefois avec dextérité et efficacité) , elle avait bien mis à sa juste place l'outil informatique et ce bon Albert, une fois passé l 'inévitable intermède de bredouillis divers qu'occasionnait sa timidité quasi-maladive en présence de « son » Capitaine adoré, avait rapidement démystifié la plus grande part des moyens qu'il employait pour lui fournir toutes ces informations, parfois si précieuses, mais aussi souvent totalement inutiles au regard de l'intuition et de l'esprit d'observation de l'enquêtrice chevronnée.
Elle lui laissait volontiers ces tâches finalement plus routinières qu'il n'y paraît et consacrait plus volontiers son temps au travail sur le terrain, c'est tout.

Du coup, la suggestion de cette bonne pâte d'Amandine ne lui parut plus aussi saugrenue ; mais comment pourrait-elle procéder ? En effet, comme nous la connaissons et même si le motif invoqué lui paraissait totalement puéril, cet échec et surtout la frustration de n'avoir pu vivre une si merveilleuse aventure lui étaient restés en travers de la gorge !
« Voyons, se dit-elle, je ne risque rien à essayer de faire cohabiter un zeste de science-fiction, un fifrelin d'imagination et quelques puissantes ondes héritées de la grwrac'h ? Qu'en penses-tu, Mizdu ?
Mary avait bien remarque que l'étrange félin aux yeux verts si énigmatiques s'était montré étonnamment calme lors des emportements d'Amandine, lui qui d'habitude n'eût pas manqué de la ramener à un silence un peu craintif d'un simple mais bien caverneux feulement.
Mizdu se contenta de fixer alternativement la fameuse baguette de la grwrac'h et l'écran de l'ordinateur sur lequel s'affichait encore la célèbre « cabine de police » bleue, puis se jucha près de la fenêtre qui donnait, via le jardin, sur la venelle.

Cette folie n'étant pas plus improbable que le gâchis auquel elle venait de participer, Mary prit donc dans sa main le mystérieux bâton et le pointa vers l'écran, qui se mit à scintiller tout-à-coup comme ces guirlandes de LEDs qui auraient du clignoter dans les vitrines des boutiques du centre-ville en cette période.
L'image se mit à grandir, telle un hologramme, immatérielle mais si réaliste, toutefois la cabine changea de couleur et passa du bleu sombre au rouge puis à l'orange, l'aspect délicieusement désuet des cabines britanniques fit place au désastreux look « Decaux » de nos cabines devenues hélas bien moins nombreuses et disponibles car vandalisées.


Comme dans les meilleurs effets spéciaux de cinéma, la cabine sembla passer sans encombre à travers le mur de la pièce, puis celui de la véranda, celui du jardin et enfin alla se superposer exactement à la cabine publique qui survivait encore malgré les tags au coin de la venelle.
Étonnamment et Mary le remarqua immédiatement, l'éclairage de la cabine, qui jusque là était éteint à cause de la coupure générale d'électricité, diffusait maintenant une bizarre lueur évanescente et les vitres n'étaient plus transparentes (si on peut dire, avec tous ces graffitis !) mais seulement translucides comme si on avait ouvert la soupape d'une cocotte-minute dans cet espace exigu et par ce froid polaire.

Il fallait donc aller jusqu'au terme de cette logique ? digne d'un Van Vogt.
Mary se vêtit donc des vêtements chauds et robustes dont elle avait plus l'habitude que des fanfreluches d'une « fashionista », noua autour de sa taille le petit nécessaire d'urgence qu'elle avait appris à utiliser à l'occasion d'un « stage de survie » (encore une des lubies de Mervent, mais dont après tout elle avait préféré tirer le meilleur parti, que de le subir passivement).
Elle se rendit à la cabine, la rue sombre était à cette heure totalement déserte et poussa précautionneusement la porte à ressorts. Comme aucun miasme n'avait agressé son odorat, elle fit un pas à l'intérieur puis tira sur elle la porte, non sans appréhension tout de même.
Tout cela était tellement surnaturel qu'elle ne s'était même pas munie de son arme de service, probablement tellement inutile dans ces circonstances.
Dès qu'elle fut dans l'espace clos de la cabine, ses cloisons parurent reculer, l'atmosphère devint parfaitement transparente et ?. Mary se retrouva dans ce qui lui parut être un mélange de la timonerie du Nautilus (celui du Capitaine Nemo, bien entendu) et de celle de l'Entreprise (version Star Trek et non US Carrier).
Un homme au regard fixe et pénétrant l'accueillit un peu froidement mais sans hostilité.

« - Bonjour, Docteur Who pour vous servir, Miss Lester
- Il semble donc que mon amie Amandine avait raison ; on peut parfois croire en ce qu'on voit à la télévision ?
- Oui ma chère, surtout quand c'est la BBC. Je n'en dirais pas autant de nos tabloïds ! Poursuivit-il avec un éclair de malice.
- Et ?. qu'êtes-vous en train de faire là ? Ne me dites pas qu'une soi-disant misogynie (même si elle était parait-il involontaire) d'un lointain et obscur prêcheur vous ait causé tant de souci que vous ayez voulu à tout prix tirer les « Froggies » d'une galère dont vous n'avez probablement rien à faire sauf à bien en rigoler dans les pubs ? Rétorqua une Mary quelque peu piquée au vif de devoir dépendre ainsi du bon vouloir d'un sujet de sa Très Gracieuse Majesté, celui-ci ne fût-il qu'un extraterrestre dont le meilleur camouflage était de se fondre au milieu des excentriques « British »
Ne montez pas ainsi sur vos grands chevaux, Mademoiselle le Capitaine, contentez-vous de savourer les chevauchées que vous faites avec votre amie Monette.
Vous voyez, je sais beaucoup de choses sur vous, y compris de celles que votre ami Passepoil ne pourra jamais débusquer et que vous prenez (à juste raison) grand soin de cacher, y compris à ceux qui vous sont le plus proches.
En fait, ce sont à la fois une curiosité au moins égale à la vôtre, ainsi que l'intérêt bien compris de nos deux « grandes nations » qui m'ont incité à répondre aussi facilement à votre sollicitation.
- Pour la curiosité je veux bien, admit Mary, mais pour « l'intérêt binational », je vous en prie, ne me faites pas ce coup-là, vous n'êtes pas comme mon précédent « client » aussi obnubilé par je ne sais quelles billevesées, quand même !
- Mais non, mais non bien sur ! Mais considérez quelles pourraient être les funestes conséquences à long terme de ce projet, même si pour l'instant il a avorté.
Vos scientifiques ont voulu utiliser la méthode dite « force brute » pour effectuer une modification quasi anecdotique du passé, pour cela ils ont englouti toutes les ressources énergétiques disponibles.
Mais le jour ou ITER fonctionnera, comme par hasard à Cadarache également ? Croyez-vous que ces bourriques n'auront pas une autre idée aussi sotte que grenue (oui, oui, même les extra-terrestres sont capables de jeux de mots vaseux) pour modifier d'autres bribes dérangeantes d'un passé révolu ?
Et avec tous les contentieux qui trainent entre les deux plus revanchardes des anciennes puissances coloniales de la « vieille Europe », vous ne croyez pas qu'on arrivera un beau jour à une catastrophe innommable ? Ne me dites pas non, il se trouve qu'avec TARDIS j'ai pu également me rendre dans cet avenir là et croyez-moi sur parole, ce n'est pas triste !
Je ne vous donnerai qu'un seul exemple : Jeanne d'Arc. Si vous saviez toutes les perversions qu'ont imaginé à la fois ses adorateurs autant que ses détracteurs pour modifier sa légende dans leur sens !
Vous ne reconnaitriez ni Orléans ni Rouen dans ces « histoires parallèles » !
- Tout cela est bel et bon, « Docteur », coupa Mary avec un brin d'impatience, car toutes ces supputations lui passaient quand même « largement au dessus ».
Mais en quoi le fait d'aller faire tout de même mon petit numéro d'illusionniste avant ce fameux prêche de l'évêque Corentin changera-t'il les choses ? Si cette invention doit se faire finalement, c'est comme l'énergie atomique, cela se fera tôt ou tard, pour le meilleur ou le pire.
- En principe oui, Mary. Mais veuillez me croire sur parole, si justement à cette occasion (et uniquement à cette occasion car c'est ce qu'on appelle un « carrefour du temps ») vous arrivez à vos fins, rendez-vous compte du paradoxe : vos « commanditaires » et a fortiori l'obscur bureaucrate qui a causé ce pataquès ne se rendront même pas compte du « problème » ?. puisqu'il n'aura jamais existé à leurs yeux !
Et comme il n'y aura ainsi plus aucune urgence à mettre immédiatement en service cette boite de Pandore, on peut espérer que le temps ainsi gagné pourra être mis à profit par les scientifiques pour y mettre quelques petites barrières d'éthique ?
Alors, on y va ?
- Pour les scientifiques et leurs soucis moraux, on a déjà donné ! Je n'y crois pas une seconde !
Mais même comme ça je pense que ça vaut le coup d'essayer ; alors oui on y va, direction l'an 400 !

Le Docteur Who et Mary n'eurent besoin, en personnes pragmatiques, que de quelques heures pour peaufiner les détails de leur courte et discrète irruption dans le passé.
Tout d'abord, Mary apprit qu'il était inutile qu'elle eut essayé d'acquérir quelques vagues notions de l'ancien parler breton, l'exactitude de nos connaissances étant plus que sujette à caution.
De toute façon, comme dans d'autres séries télévisées (« code quantum » par exemple) l'aspect vestimentaire des visiteurs et les langues employées pour communiquer n'avaient aucune importance, les artefacts étaient simplement assumés par les capacités technologiques du TARDIS (une technologie extra-terrestre ne l'oublions pas).
Il fut convenu que ce serait tout de même Mary qui se présenterait devant le protégé de Gradlon de Cornouailles (Lionel avait dit en rigolant un jour de lui : « coucou Tonton !» en lui montrant son cousinage avec le Roi d'Ys).
Son apparence de frêle jeune femme serait probablement plus persuasive que les airs parfois hallucinés du voyageur spatio-temporel, de son propre aveu.
Ce qu'elle emploierait comme arguments pour sensibiliser l'ancien ermite de Lescobet, elle avait assez peu d'a priori sur la sagesse du jeune homme (il n'avait somme toute que 25 ans) pour ne pas l'anticiper inutilement.
Que savait-elle vraiment du « saint fondateur », dont curieusement seul le lieu de son diocèse ne fut jamais précédé de ce ? substantif ?

Lorsqu'elle sortit du TARDIS elle s'aperçut que l'aspect extérieur de celui-ci s'était transformé de façon surprenante en une insignifiante petite cabane, comme en construisaient les man?uvres qui offraient leurs services pour bâtir le nouveau Quimper sur l'autre rive de l'Odet. Elle en fixa soigneusement l'image dans sa rétine, peu soucieuse de rester coincée au beau milieu d'une époque à laquelle elle ne pourrait jamais s'adapter.
cabane
Le site sur lequel se trouve cette image est à visiter absolument !
En cherchant bien vous pourrez même le faire en écoutant la Gwerz Kear Is ar Roue Gralon

Au milieu de l'agitation d'un marché (elle était arrivée au début du mois de septembre) elle put vérifier qu'elle passait complètement inaperçue, pour peu évidemment qu'elle ne se livre pas à une activité totalement incongrue (se mettre à danser « Singing in the rain » par exemple).
Elle osa aborder une vieille dame qui proposait ses produits (légumes et volailles) car l'aspect discret de celle-ci lui rappela brièvement son amie Amandine.
Se souvenant de la componction pratiquée par certaines enseignantes, elle n'eut aucun mal à obtenir les renseignements qu'elle cherchait : où logeait l'évêque et quelles étaient ses habitudes pour s'adresser aux fidèles.

Elle assista donc à un prêche « ordinaire » de l'homme d'église et se rendit compte tout-à-coup de l'inanité de son entreprise !
Ce ne serait jamais en effectuant une apparition « miraculeusement féministe » qu'elle empêcherait que la parole divine ne soit, de fait, portée ? surtout par des hommes !
Honorer les saintes femmes autant que les saints hommes paraissait louable ? au XXIème siècle, mais c'était trop demander aux saints fondateurs et tout autant à leurs disciples, émules et auditeurs, que de donner à des noms de lieux un genre féminin, à une époque ou le pouvoir se transmettait par filiation masculine.

Mary se résolut donc à réintégrer le TARDIS et à partager avec le Docteur Who son scepticisme sur l'époque à laquelle s'était produite la fâcheuse distorsion.
Celui-ci bondit d'un coup sur son siège (il fallait d'ailleurs qu'il soit bien excité, car les fauteuils de la salle de contrôle étaient si profonds et moelleux, contrairement aux idées reçues)
« - Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! On a tous pris le problème par le mauvais bout !
- Là, je ne vous suis plus, répondit machinalement Mary qui se ressentait encore du formidable choc culturel qu'elle venait de subir.
- Mais voyons : l'erreur, ce ne sont pas les noms de saintes, c'est ce satané bureaucrate !
- Oui d'accord, un type comme ça c'est une erreur ambulante, dire qu'il est rémunéré pour des initiatives pareilles ! Mais que puis-je y faire ? Le punir maintenant en le torturant comme je l'ai déjà fait d'un de mes persécuteurs ne fera pas revenir la commission de Bruxelles sur son injonction, c'est dans les choux cette histoire !
- Voyons, Mary ! On voit là que vous êtes nourrie de bons classiques et d'imaginatifs auteurs policiers, un peu moins habituée sans doute à jongler avec les paradoxes temporels. Ce serait sans doute nuisible d'ailleurs à vos remarquables capacités professionnelles ?
Quelle a été la cause de cette ânerie ? Le lépidoptériste utilisait une carte Michelin !
Alors que les « bonnes cartes » pour parcourir la Bretagne sont celles de la série verte de l'IGN, vous en conviendrez ?
- Je ne sais pas, répondit Mary qui a force de parcourir de long en large sa province natale en connaissait le réseau routier par c?ur, se fiant à son GPS pour arriver à bon port lorsqu'elle ne connaissait pas exactement sa destination, sans oublier tout bêtement ?. qu'il est toujours possible de demander gentiment son chemin.
- En effet, je me doute bien que vous ne devez pas les utiliser. Mais mettez-vous à la place d'un touriste, belge flamingant de surcroit (ça, Mervent ne vous l'a pas dit) qui a fait cette constatation en se contentant de lire l'index des noms de ville en marge de sa carte.

Voilà pourquoi Mary sortit un beau jour par une porte de service de la station de métro Jacques Brel à Sint-Jans-Molenbeek, là où résidait l'acariâtre fonctionnaire.

Image sous réserve de l'autorisation de la STIB
Il faut dire qu'il aurait mieux fait de balayer devant sa porte, celui-là !
Il suffit de regarder une carte (Google) des alentours de Bruxelles pour comprendre d'où lui venait réellement cette lubie.
Et peut-être également que de s'entendre demander quotidiennement par de facétieux et franchouillards collègues des nouvelles de "cette bonne sainte Gudule de Bruxelles , une fois !" et de l'état de la vessie du "petit Julien" lui avait-il « mis les oreilles sur le dos » ?

Peu importe, se dit Mary, ce qui compte, c'est le résultat.
Ayant facilement fait le point sur les invariables routines quotidiennes de l'obscur décisionnaire, elle n'eut qu'à se poster un beau jour dans les allées de la « bonne librairie » dans laquelle l'amateur de "battements d'ailes sans souci des conséquences" prenait chaque jour quelques moments pour feuilleter les beaux ouvrages (dame ! Personne n'est totalement mauvais, se dit Mary).
Ce fut ensuite un jeu d'enfant pour elle d'entrer en contact « par le plus grand des hasards » avec le futur touriste et de glisser dans la conversation l'existence de ces cartes plus détaillées que celles de Bibendum, comportant une grande quantité de lieux-dits, ainsi que de l'intérêt du GPS pour gérer ses itinéraires.
Qu'elle en fut elle-même convaincue ou pas n'avait aucune importance, d'ailleurs.

Vous avez compris que cette dernière scène se déroulait dans un passé beaucoup plus proche (et donc plus « malléable » malgré tout), c'est-à dire au moment où le fonctionnaire préparait son excursion. Et que si besoin était, il était toujours possible de renouveler l'opération, TARDIS étant remarquablement peu gourmand en énergie.

Mary se réveilla en ne conservant aucun souvenir de tout cela, car il ne s'était donc rien passé finalement.
Elle s'apprêta à vivre une nouvelle journée à tout d'abord entendre Jipi lui démonter la réputation (selon lui usurpée) du « caveman » (Sébastien Chabal). Ce qui est assez injuste car malgré son aspect impressionnant celui-ci n'a jamais fait mystère de ses limites d'endurance sur toute la durée d'une rencontre.
Mais peut-être qu'aujourd'hui le brigadier Martin surgirait pour annoncer une nouvelle convocation du « Patron » et, qui sait, enfin une enquête sans se soucier de ce satané fayot galonné de Mervent !

Postambule :
(obligatoire, un préambule aurait « tué » la chute)
Cette histoire n'ayant donc jamais eu lieu, l'évidence que personne ne saurait se reconnaître dans
ses protagonistes s'impose d'elle-même.
Les lieux et personnages historiques cités sont également assez improbables, tous les historiens
dignes de ce nom le reconnaissent volontiers.
De toute façon, je n'aime pas manger de l'anguille, alors mon cousinage avec Geadlon de
Cornouailles, petit-fils de Conan Meriadoc, protecteur de l'évêque Corentin et Roi d'Ys n'est
probablement dû qu'à une volonté des Rohan de faire « bling-bling » avec nos ancêtres communs
Merci à :
• Jean Failler pour l'univers si pittoresque dans lequel évolue Mary Lester, dont il nous conte
les aventures avec tant de talent,
• Nicolas Hellec pour avoir mis à notre disposition ce forum si convivial,
• Riego pour la brillante idée de départ … et la possibilité ainsi ouverte d'y donner une suite
… logique ? (!)
• La BBC (sous réserve de ses droits sur l'utilisation ainsi faite de sa série « culte »),
• Tous les auteurs de romans de fiction (policière, scientifique, sociale, ethnologique, etc …)
sans lesquels nous ne pourrions nous convaincre que « l'impossible » peut survenir,
• Alain Grandil pour le petit coup de gueule bien venu,
• Tous les autres auteurs des « carnets secrets » pour leurs propres trouvailles et leur amitié,
• Mon médecin traitant pour la façon positive avec laquelle il m'lncite à régir mon régime
alimentaire : par le plaisir, la simplicité et l'inventivité et non les « interdits » et le
frustration.
• Mes amis d'AlSol pour la démonstration qu'ils m'apportent que convivialité et alcool ne sont
pas inéluctablement liés.
• Mon père pour la qualité de ses recherches génalogiques et le recul qu'il prend sur certaines
données,
• Mon épouse qui me montre chaque jour qu'être (soi-disant) « une quiche » en informatique
n'est rien à côté de ses multiples autres capacités créatrices (mais elle n'est pas la seule !) ,
• Jack, le border collie qu'elle vient de ramener de la SPA malgré mon désaccord, âgé de 9
ans déjà et semble être … sourd ? Je sens qu'on va bien s'entendre quand même !
Lionel, Sotteville-lès-Rouen le 10 janvier 2010


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